• Conseillé par
    4 octobre 2014

    En marche vers soi même

    Il est médecin, écrivain à (grands) succès, académicien. Il fut même, un temps, ambassadeur de France au Sénégal. Autant dire que Jean-Christophe Rufin avait mille raisons et autant de prétextes de rester tranquillement assis dans son fauteuil: un prochain roman à terminer, une conférence à donner, une séance sous la coupole à ne pas manquer... Alors quelle mouche a bien pu le piquer le jour où il a décidé de se lancer dans cette " immortelle randonnée " et d'accomplir le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle? Certes, il adore marcher. Il aime la montagne, il a escaladé pas mal de sommets et puis un jour, alors qu'il se trouvait à Paris, il est entré dans la petite boutique

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  • Conseillé par
    29 juillet 2013

    Pourquoi se lancer à la conquête du chemin de Compostelle? Jean-Christophe Rufin nous livre sa version où aucun acte de foi, aucune recherche mystique ou de se retrouver n'apparaissent. Parti d'Hendaye, au fil des kilomètres l'académicien s'est transformé en un clochard pouilleux et crasseux en empruntant le Chemin du Nord. Dans ce récit version jacquaire, l'auteur raconte ses plus de huit cent kiomètres de marche avec humour ( les erreurs du novice, sa vision des pèlerins), son Chemin. Et c'est là que ce livre est intéressant car parti sans la raison que les gens justifient pour cette marche, il nous dit : Comment expliquer, à ceux qui ne l'ont pas vécu, que le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s'y engager? A la confusion et à la multitude des pensées qui ont poussé à prendre la route, il substitue la simple évidence de la marche. On est parti, voilà tout.

    L'auteur explique les bienfaits de la solitude, de cette marche épuisante qui le cheville au corps et de la transformation intérieure qui s'opère. En découvrant un paysage, il ne me venit pas à l'esprit qu'il pût ressembler à la Corse ni à nul autre lieu que j'aurais connu. Je voyais tout avec avec une fraîcheur éblouissante et j'accueillais la complexité du monde dans un cerveau redevenu aussi simple que celui d'un reptile ou d'un étourneau. J'étais un être nouveau, allégé de sa mémoire, de ses désirs et de ses ambitions. Un Home erectus mais d'une variété particulière : celle qui marche. Minuscule dans l'immensité du Chemin, je n'étais ni moi-même ni un autre, mais seulement une machine à avancer, la plus simple qui se pût concevoir et dont la fin ultime autant que l'existence éphémère consistaient à mettre un pied devant l'autre. Plus tard, on lit :
    Cependant, dans ce qui fut pour moi l'apogée mystique du Chemin, j'ai eu le sentiment de voir la réalité se perdre et me permettre d'apercevoir ce qu'il y au-delà d'elle et qui se diffuse en chacun de ses créatures (..). Jamais le monde ne m'avait paru aussi beau. Et c'est ce que je recherche dans la marche : un état de plénitude où l'humilité devant la vie est un cadeau.

    Les portraits brossés avec humour, ce même humour qu'il applique à lui-même sont des régals. Un récit qui donne envie d'enfiler son sac à dos et de se lancer sur le Chemin !